L’ascension du volcan Barú : notre exploit sportif

Si nous avons visité Boquete au Panama, c’est avant tout pour le volcan Barú. Perché à 3474 mètres d’altitude, c’est le plus haut sommet du Panama. Sa particularité ? Le lever de soleil laisse entrevoir les océans pacifique et atlantique de part et d’autre de la cime. Vous l’aurez compris, nous avons entrepris d’escalader la nuit, en quête de sensations fortes. Y sommes-nous parvenu ? La réponse dans cet article.

Vendredi 7 Novembre, 13h20, H-10

Alors que le taxi nous mène vers Bajo Boquete, je me penche contre la vitre et aperçoit le volcan Barú ; tantôt la tête dans les nuages tantôt parfaitement dégagé. Il y a décidément beaucoup de vent dans cette région. Aussitôt sortis du taxi, nous nous mettons en quête d’un supermarché. Une telle randonnée nécessite 4 à 5 litres d’eau, des fruits secs, des barres de céréales et tout ce qui pourrait nous fournir de l’énergie.

– Tu crois qu’on a assez ?

– Ça devrait aller, on ne peut pas partir trop chargé non plus. N’oublie pas qu’on va marcher 12h minimum.

Vendredi 7 Novembre, 16h00, H-7

Sacs de couchages, pulls, vêtements de pluie, de rechange… Nous finissons de préparer nos sacs respectifs. Je prendrai le Salomon de rando et Flo mon backpack Quechua. On se regarde, on se sent prêt, il n’y a plus qu’à roupiller. Je regarde une dernière fois la météo avant de m’endormir dans un sommeil que je ne soupçonnais pas aussi profond.

Vendredi 7 Novembre, 19h30, H-5

Le réveil sonne, je me réveille sans grande envie de me tirer du lit. Flo enfile déjà sa tenue de trekkeur, tandis que moi je me traine à la cuisine pour préparer nos dîners de guerriers. Au menu ce soir, saucisses de Francfort sur leur lit de riz. Hé oui faut bien que ça tienne au bide. On termine nos assiettes et on se pose quelques instants sur le canapé.

« 3474 mètres. »

Déjà qu’à 1200 mètres on se les caille, alors on imagine pas là-haut ! D’après les locaux, il fait à peine 2 °C au sommet. Encore faut-il que le temps soit clément. Ce que je vérifie machinalement une fois encore, en constatant que rien n’avait changé. Oui l’application annonce 4°C sur les coups de 4h du matin et oui il y aura des nuages. Bon. Comptons sur le vent pour les chasser, car on espère bien avoir une vue claire sur le ciel. Flo embarque le trépied et l’appareil photo, bien décidé à immortaliser la voie lactée.

Vendredi 7 Novembre, 22h30, H-1

L’auberge est silencieuse, nous aussi. On est un peu tiraillé entre l’envie de partir tout de suite et celle de se coucher. On opte pour la première option sans oublier nos rations. La nuit est fraîche, en marchant jusqu’à l’arrêt de bus on remarque le ciel dégagé et ses innombrables étoiles. Waouw. Voilà quelque chose qui va nous manquer à notre retour à Lyon.

Vendredi 7 Novembre, 23h00, H-1

Nous rejoignons nos copains américains après une légère mésaventure avec le taxi qui nous a mis en jambes pour le volcan. Nous avons bien failli perdre le portable de Flo, mais tout est bien qui finit bien, téléphone en poche, nous montons dans notre cortège direction l’entrée du volcan. Fière de ce que nous sommes en train de faire, je m’assoupis quelques instants le temps du trajet.

Vendredi 7 Novembre, 23h40, Heure H

Et voilà que notre joyeuse petite équipe américano-française prend la route direction le sommet du volcan Barú. Pas de surprise, la montée est raide et ce dès le départ. Au programme, 2200 mètres de dénivelé, 5h de marche pour 1 lever de soleil mémorable.

Samedi 8 Novembre, 01h40, H+2

– Il est quelle heure ?

– Tu ne veux pas le savoir.

Bien trop tôt pour demander en effet. Nous faisons un court arrêt pour boire un coup et resserrer les lacets. On regarde le ciel étoilé et on réalise qu’en éteignant nos frontales, c’est le noir com-plet. Le temps de rire sur une blague lancée par l’un des copains américains, on se remet en route le pas toujours hâtif.

Samedi 8 Novembre, 03h50, H+4

Les crampes se sont emparées des cuisses de Flo. Là, ça devient moins drôle. La fatigue ne nous inquiétait pas en revanche ce genre de désagrément n’était pas le bienvenu. Un puis deux cachets plus tard, Flo a toujours mal et les arrêts deviennent plus fréquents. Le froid et l’humidité se font ressentir, j’en profite pour mettre une couche de plus, bien contente que notre hôte Ricardo m’ait prêté une veste. Nos copains américains décident de s’arrêter un peu plus longtemps. Nous prenons conscience que nous avons marché un peu trop vite et que nous risquons d’attendre là-haut, sans être sûrs de trouver de quoi s’abriter.

– Si on s’arrête là…

– on ne repartira jamais tu as raison allez on y va.

Samedi 8 Novembre, 05h00, H+5

Nous apercevons les antennes géantes. Celles-là mêmes qui nous paraissaient minuscules vues d’en-bas. C’est réconfortant car ça signifie qu’on s’approche enfin du sommet.

– Manon regarde !

Waouw. Nous avions déjà contemplé un ciel magnifique au Costa Rica, pendant notre séjour à la Ceiba. Mais là… peu importe le froid, ça méritait une minute de silence. Toute émerveillée par ce que je vois, Flo est déjà en train de paramétrer l’appareil photo perché sur le trépied. La photo qui suivît nous laissa tout ébahis. Quoi qu’il advienne, ce moment marquait déjà un souvenir mémorable dans nos esprits.

– Allez Flo on y va sinon on va le louper.

Samedi 8 Novembre, 05h40, H+5

VICTOIRE ! Nous arrivons aux antennes. À défaut d’un décor industriel, la vue sur la ville est époustouflante. Malheureusement, l’euphorie de l’exploit est vite écourtée par le froid et la fatigue qui nous gagnent. Nous cherchons à nous abriter dans le parc des antennes et nous rencontrons un couple français aussi frigorifié que nous, recroquevillé sous une petite arche de béton. Nos sacs de couchage dépliés, nous nous serrons tous les quatre dessous, espérants silencieusement que le soleil levant nous réchauffera…

Samedi 8 Novembre, 06h20, H+6

– Manon réveille toi le soleil se lève !

C’est difficile, Mélanie partage mon désarroi, on a froid, un peu faim, et pas l’envie de sortir de notre installation de fortune. On se tire de là, tant bien que mal et là… changement de décor… Le noir fait place à des tons de verts et de gris, la nature jaillit sous nos yeux illuminées par les premiers rayons de soleil qui percent à travers la mer de nuages. Pas de temps à perdre ! Nous avons dix minutes pour escalader les derniers 50 mètres qui mènent au point dominant du pays, là où la croix blanche culmine.

Samedi 8 Novembre, 06h34, H+6

Le vent siffle, le soleil naît, les douleurs s’évanouissent. Chacun de nous s’émerveille, le sourire aux lèvres. Je réalise ce qu’on vient d’accomplir et jouit de la récompense éphémère que nous sommes venu chercher.

– Tu réalises Flo ? On l’a fait ! Regarde comme c’est beau !

Nous voilà tels les antennes vues d’en bas. Infimes, imperceptibles, si petits face à la grandeur de la nature. Le soleil nous réchauffe les joues. À 3474 mètres d’altitude, on échange notre bisou de victoire… La brume reprend du terrain et nous tire de cet état songeur. Il faut reprendre la route. Aïe.

C’est précisément à cet moment-là, que tout nous a replacé au niveau de trekkeurs novices. Une fois la magie de l’instant retombée, nous n’étions pas prêts pour ce qui aller arriver, ni physiquement, encore moins mentalement.

Samedi 8 Novembre, 07h20, H+7

Les marcheurs confirmés ne seront sûrement pas du même avis mais pour nous, ce moment était le pire. L’adrénaline est retombée, heureusement le froid aussi. Mais la fatigue prenait pleine possession de nos corps et les yeux mi-clos nous avançons machinalement, guidant tant bien que mal nos pas vers le bas.

Samedi 8 Novembre, 09h50, H+9

La pénombre a complètement laissé place au soleil. La brume s’est dissipée, laissant les couleurs de la forêt se révéler. Le spectacle est magnifique, on se croirait en plein dans Le Seigneur Des Anneaux. Dommage que la fatigue soit telle, qu’il nous est impossible de s’arrêter sous peine de ne jamais se relever.

Samedi 8 Novembre, 10h45, H+10

– Flo j’en peux plus, je ne vais pas y arriver, combien il reste ?

– Allez Manon, on ne peut pas s’arrêter, lève-toi courage.

In-ter-mi-nable. C’est le mot qui caractérise le mieux cette marche du retour. Vraiment, plus les minutes passaient moins le chemin se raccourcissait. Un enfer. Mes chevilles vacillaient, me menaçant à chaque instant, d’une chute dont je n’aurai pas pu me relever. La nature toujours aussi belle, était cette fois bien éveillée. Sur notre chemin, les branches craquent sous le vent, les pic verts peupleutent, les coatis pointent leur bout de nez tout blanc. Le soleil est haut dans le ciel, la fraicheur de la forêt nous préserve de ses rayons ardents.

Samedi 8 Novembre, 12h10, H+12

On ne se parle plus. Nous croisons nos copains américains aussi abattus que nous qui se reposaient sur un tronc d’arbre. Nous ne nous arrêtons pas. Le temps vire, les nuages bougent à une allure impressionnante. On tombe sur une sorte de clairière où la beauté d’un arbre nous a forcé l’arrêt. Deux de nos copains américains admirent silencieusement ce spectacle. On s’amuse à les comparer à Sam et Pipin dans leur contrée. Flo m’apprend que le calvaire est bientôt terminé. Mes pensées se brouillent, l’épuisement nous fait divaguer, presque halluciner. Il est temps d’arriver.

Samedi 8 Novembre, 12h34, H+13

Nous y voilà. La fin du chemin est là. 13 heures de marche. 2200m de dénivelé. 1 lever de soleil. 4 genoux enflés. 2 personnes exténuées.

Le garde forestier nous attend, dans son cabanon, pour nos signatures qui nous ont semblées être comme une attestation finale. La preuve de notre passage. La récompense. Nos noms, la date ainsi que l’heure inscrits sur ce registre marquent à jamais notre trace ici.  Quelques minutes de taxi, une douche chaude, et une barre de céréale plus tard, nous nous endormions harassés, non sans difficulté dans les bras de Morphée…

Les photos de notre ascension du volcan Barú au Panama :

Le magnifique ciel étoilé vu du Panama, à 3450 mètres d’altitude.

Quelques minutes avant le lever de soleil.

Quelques minutes après le lever de soleil.

C’est reparti pour la descente du volcan Barú.

La végétation spectaculaire du volcan Barú.

Le joli pré enchanté du Seigneur Des Anneaux.

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